Martin Pigeaux
Ce Martin Pigeaux receveur des terres de Gouvieux, conseiller en l'élection de Clermont et patati et patata semble bien important puisque le
Comité d'histoire de Senlis dans ses publications a rédigé de longs développements sur ce personnage ; ce sont des pages et des pages pas
toutes passionnantes mais cependant instructives dont je vous ferai grâce ; il vous suffira en effet de savoir qu'on a écrit sur cet
homme qui fut notre ancêtre et qu'il est loisible de consulter ces ouvrages sur Internet.
Cela étant, peut-on décrire la vie de cet aimable meunier en une petite page ? Voire.
Je vais en fait tout bonnement vous donner les actes de baptème, mariage et décès, puis vous aurez droit à un tableau récapitulatif assez
étoffé, après quoi si le coeur vous en dit, quelques textes mineurs.
11 nov 1706 - Baptème de Martin Pigeaux
Le 11e est né et baptisé Martin fils d’Etienne Pigeot et
de Marie Le Conte sa femme, le parrein Jean Nicolas Gue-
ret, la marreine Elisabeth le Conte qui a déclaré ne savoir
signer en pr[ésen]ce d’Etienne le clerc.
7 mai 1731 - Mariage de Martin Pigeaux
« Le lundi sept mai mil sept cens trente et un après la publication des bans de mariage entre Martin Pigeaux receveur de la terre de Gouvieux fils de
deffunts Estienne Pigeaux et Marie Lecompte de la paroisse de Gouvieux d’une part, et Marie Madeleine Daubigny fille de Charles Daubigny
officier du roy et de Madelene Prévosté de cette paroisse d’autre part et ce les dimanches vint deux, vint neuf avril dernier et le jeudi troisième du
présent mois jour et date de l’ascension de J.C. aux prones des messes paroissiales sans empèchement vu le certificat des mêmes bans publiés dans la susditte paroisse
de Gouvieux de ce diocèse et ce les mêmes jours que dessus sans aucune opposition en datte du cinq du mois courant signé perrat (?), les fiançailles célébrées le jour
précédent, je soussigné prêtre curé de Beaumont les ai mariés et leur ai doné la bénédiction nuptiale selon la forme prescritte par la Ste Eglise l’époux assisté
de Christophe Pigeaux marchand d’Ory et jean Nicolas Gueret aussi marchand de la paroisse dudit Ory, de Matthieu Lecompte laboureur de
Villers le Sec tous ses oncles, de Nicolas Marquis marchand farinier de Chambly son beau frère, l’épouse assistée de son dit père, de Me Nicolas Fonveroi
doïen des procureurs son parrain, de Jean François Daubigny de Nicolas le Gasfun ses oncles et de Charles Daubigny son frère et autres signés M. Pigeaux M.M. Daubigny,
Pigeaux Gueret Matthieu Lecomte Nicolas Marquis Daubigni Defonveroy Jean Baptiste Pigeaux Daubigny Daubigny Levasseur et S Vignon curé. »
29 janvier 1744 - Décès de Martin Pigeaux
« Le mercredy vingt neuvième janvier mil sept cent quarante quatre est
décédé Estienne Martin Pigeau aâgé de trois ans fils de Martin
Pigeau et de Marie Magdelaine Daubigny sa femme et le lendemain a été
inhumé dans le cimetière de cette église en présence son dit père et
de Simon Noël qui ont signé. »
Compte-rendu du comité archéologique de Senlis
Pour votre édification, voici un très court extrait d'un fort obligeant compte-rendu.
[...]
Nous avons la prisée du moulin de la Couture, faite le 2 janvier 1711 à la requête de Jacques Goujon, meunier sortant, et d’Étienne Pigeaux, nouveau preneur.
La famille Pigeaux compta des meuniers jusqu’au milieu du 19e siècle; le dernier fut Nicolas-Maximin Pigeaux, propriétaire du moulin de la Canardière ;
Étienne Pigeaux et Marie Lecomte eurent un fils, Martin, et deux petits-fils, Nicolas Pigeaux de Beaulieu et Claude Pigeaux, tous meuniers. En 1737, Martin
Pigeaux est receveur ou fermier des revenus de la terre et seigneurie de Gouvieux pour le prince de Condé; il le fut jusqu’en 1778. Le 2 avril 1769, le prince
de Condé loua pour neuf ans à Martin Pigeaux, conseiller du Roi, élu en l’élection de Clermont, demeurant à Sailleville, tous les revenus de la seigneurie de
Gouvieux moyennant 6800 livres par an. Martin sous-loua le moulin de la Couture, pour 1000 livres, à son fils Nicolas Pigeaux de Beaulieu.
[...]
En 1782, Martin Pigeaux offrit d’acheter le moulin de la Couture. Le 27 décembre de cette année, le prince de Condé, représenté par son intendant, André-Joseph
Antheaume de Surval, vendit à Martin Pigeaux, à titre de cens et rente non rachetable, le moulin de la Couture et dépendances, moyennant une redevance perpétuelle
de 1500 livres par an, et une somme de 12.000 livres une fois payée. La Révolution trouva donc Martin Pigeaux propriétaire du moulin. C’est au profit de l’État qu’il
dut racheter la rente perpétuelle.
[...]
Pendant vingt ans encore, Martin Pigeaux exploita le moulin. Devenu fermier des revenus de la seigneurie de Gouvieux, il loua le moulin, le 11 décembre 1737, à Pierre Foyen,
laboureur à Gouvieux, et à Marie Gesseaume, sa femme, moyennant 1000 livres par an. En 1769, le prix est abaissé à 900 livres; le meunier est alors Fasquel. Puis on trouve
Goriot. Le dernier bail fut consenti, le 20 novembre 1786, à Jean-François Goriot, « marchand farinier et meunier demeurant dans ledit moulin, et à Marie-Rosalie Macré,
sa femme, moyennant 2056 livres par an », prix élevé qui comprenait le loyer de sept arpents de terre à prendre dans le clos Saint-Denis à Gouvieux, situés entre la rue
du Saussay et la rue conduisant aux prés de la Ruche, les deux arpents qui donnaient sur la rue de Villargennes étant réservés au prince de Condé.
[...]
Martin Pigeaux abandonna le moulin à huile à son fils Nicolas et construisit le moulin de la Chaussée. En 1783, le prince de Condé lui concéda le moulin de la Couture,
situé entre la Chaussée et Chaumont, et Pigeaux vendit le moulin de la Chaussée à François-Nicolas Marquis. Le 20 novembre 1786, « les droits, terres, prés, marais ayant fait
partie de l'ancienne ferme de la Chaussée furent affermés à Jean-François Goriot, qui occupait le moulin de la Ville à Chaumont. Le bail ne comprenait pas la plus grande partie
de l'ancien étang. Le 14 septembre )788, Louis Chalot, maitre de la Poste-aux-chevaux de Chantilly, prit à bail pour neuf ans, moyennant 1.644 t. 8s par an,
« une pièce de pré située en l'a grande prairie de Gouvieux, contenant environ 60 arpens, au milieu de laquelle est une remise qui demeure réservée au profit de S. A. S.,
tenant du midi à la piece de pré de la côte du Chauffeur affermée au s' Goriot, du nord à la Nonette, d'orient au canal (de traverse qui fermait la Canardière),
d'occident à une pièce de pré de 2 arpens environ louée aud. Goriot, à la rivière et au chemin de la Chaussée ». Il e~t dit dans l'acte que Marie-Marguerite Naze,
femme de Chalot, ratifiera le bail quand elle sera majeure. Ces baux donnaient une plus-value singulière au petit domaine de la Chaussée: Pigeaux-Marquis, 600 ).;
Goriot, 5)4 ).; Chalot, 1 644 1. 8 s. soit 2.758 1. 8 s de rendement annuel. A cette époque, de nouvelles constructions s'élevèrent sur le bord de l'ancien étang.
Et pour terminer, un fait divers
Dans son Histoire de la ville de Chantilly, M. Macon a conté l'assassinat, par la bande armée venue de Pans le 15 août 1792, du meunier Pigeaux dans la maison
de Louis Duhamel, place du Marché (n* 24 de la rue du Connétable). M. Corbie a eu connaissance des papiers de la famille Pigeaux et y a trouvé le Procès-verbal de
constatation de la mort de M. Pigeaux, marchand fannier et meunier demeurant au Moulin neuf, paroisse de Gouvieux » (entre la Canardlère et la Chaussée). Ce document
fut dressé le 15 août à 8 h. du soir par MM. Patin et Jean Detaltre assesseurs du juge-de-paix absent, accompagnés de deux notables, Nicolas-Barthélémy Hautin
le jeune et Jean-Charles Gaudiveau.
L’assassinat avait eu lieu à 6 h. 1/2 du soir, comme le déclara Marie-Denise Antheaume, femme de Louis Duhamel, charcutier. Elle avait vu Pigeaux, poursuivi
par des hommes armés, entrer chez elle, se réfugier à l’étage, puis son corps jeté par la fenêtre. Sur le pavé « gisait le corps d’un homme mort, ayant la tête
séparée des épaules, et vêtu d'un habit de drap de Sttésie (?) vert à boutons blancs, culotte de Nankin vert rayé, veste de basin blanc rayé, une chemise de toile,
une paire de boutons de manche d’argent, bas de coton blanc à côtes, une paire de boucles à ses souliers et une paire de boucles à jarretières d’argent.
Suit le détail des objets trouvés dans les poches du malheureux, portefeuille, papiers, argent, et un mouchoir de toile rayé fond rouge. Parmi les papiers,
signalons « un traité sous seing privé fait entre ledit Pigeaux et le sieur Potter, propriétaire de la Manufacture de porcelaines à Chantilly, le 26 juillet 1792,
relativement à deux moulins a blé sis à Gouvieux, lieu-dit Toutevoye; une promesse de bail desdits deux moulins faite le 17 avril 1792-au profit dudit Pigeaux par
M. Mascrany de Château-Chinon », seigneur de Villers-sous-Saint-Leu. Le corps de Pigeaux fut inhumé le lendemain dans le cimetière Saint-Laurent, dont remplacement
désaffecté est aujourd’hui enclos dans les dépendances de l'Hospice Condé.
Le moulin de Sailleville
Deux tournants, l'un à blé, au sieur Pigeaux, l'autre étant une fabrique de crayons à M. Conté.
La Force de la Brèche à cet endroit donna de l'importance à ce moulin, que la magnifique carte des chasses de Chantilly,
par N. DELAVIGNE, qualifie, en 1725, de moulin à huile. Vers 1750, un Martin PIGEAUX, conseiller du Boi en l'élection de Clermont,
avait un manoir à Sailleville, et à la même époque, le moulin, dépendance du marquisat de Liancourt, fut reconstruit, adjoignant à la
préparation de l'huile celle du tan. Vers 1797, le marchand d'estampes BASSET édita le Moulin de Moutcille près Liancourt, paysage à la
Jean-Jacques (joliment gravé en sanguine par Mlle Le Roy, d'après Louis Lesueur), qui représente certainement Sailleville, en lui donnant
le nom écorché de Mogneville. En 1816, HUMBLOT, gendre de Conté, y installa une partie de la fabrication de ses crayons ; en 1835,
il s'associa le baron THÉNARD, son gendre. Après eux, M. DUMONTHIER fabriqua des porte-mines et se spécialisa peu à peu dans l'étirage
des tubes sans soudures. Le moulin était alors pourvu de trois tournants : l'un d'eux, en 1864, fut utilisé à la fabrication des armes
à feu ; un autre, en 1891, à la confection des tresses de coton, qui dura jusqu'en 1893. Enfin, l'usine entière travailla à l'armurerie et à
l'étirage, puis à la fabrication des pièces détachées pour bicyclettes. Un chemin gaulois franchissait ici la vallée.